Horatio, mon ami,
Mon âme et mon frère,
Mon scribe et mon lecteur
De la bouche de ceux
Qui voulaient mes viscères
Mon âme et mes yeux
Tu voyais l'ombre claire
Qui cerne de questions
Le songe à sa paupière
Horatio, Horatio,
Mais dans quel état j'erre...



Tu riais avec moi
De mes esquives, traître
Et complice à la fois
D'une larme oubliée
Que ta joue voyait naître
Que je ne sentais plus
Le sel chaud de la peste
Un bien maigre tribut
Que ne l'essuyais-tu
D'un revers de ta veste...



Horatio, mon ami,
C'est dans la même ornière
Que j'ai joué ma vie
L'orphelin et son père
Et perdu Ophélie
Et mouliné rapières
Jusqu'au blason pourri
Jusqu'aux dents de ma mère
Pour seul trône, un étron -
Mais dans quel état j'erre...



C'est comme tout un chacun
C'est un genou en terre
Déjà vu, déjà vain,
Que j'ai fui la lumière
Que je suis mort des faims
Qui hantaient mes viscères
Horatio, Horatio, c'est ton coeur sur ma main



Que j'ai ouvert les yeux
Pour ne voir devant moi,
Je sais,
Que le silence odieux,
Que c'est toi, mon ami,
Quand je n'étais qu'un corps,
Dont le coeur s'est assis
Pour leur parler encore...