PEINE D’HIVER
 
Je vois sur le trottoir d'en face
La neige se poser en sucre glace.
Le vent d'une gourmandise fugace
Par rafales l'efface.


Le temps, de l'hiver, écrit la préface.
Prenant avidement possession de l'espace.


Se hâtant dans le crépuscule,
Un passant au passage me bouscule.
D'autres encore un peu déambulent
Et devant les vitrines s'accumulent.


Ils nouent parfois un conciliabule,
Mais leur col relevé les dissimule.


Ainsi s'installe tranquille
Le froid dans les rues de la ville.
Les platanes muets, immobiles
Louchent quand défilent les petites automobiles.


Chaque arbre plein de style
Avec le givre débute une idylle.


Sur la vitre mon auto enrouée
Isole le paysage de buée.
La saison a les rôles distribué
Ayant à cette métamorphose contribué.


Le ciel frileux qui reteinte les oiseaux, les nuées,
A tout un tableau pastel constitué.


Je fais le tour de la grand place,
Rendant au chauffage grâce.
Faire taire le souvenir devient difficile
Je me révèle malhabile.
Le temps n'a rien atténué
Et rien de ma peine diminué.