Quand j’ai ouvert les bras, ce matin de printemps, ce sont tes yeux à toi, par delà mes paupières qui ont soulevé le monde. Tu m’offrais des rivières, des champs et des forêts, des collines feuillues, un jardin pour danser depuis le sac ventru de tes mains en calice, porté jusqu’à mes lèvres. J’ai ouvert la corolle de mes jupons de laine , j’ai déployé mes ailes et j’ai vibré de joie en chantant l’eau des sources... il faisait doux et clair au cristal de nos rires. J’aurais dansé pieds nus, sur les pierres moussues si je n’avais volé au plus près du soleil avec tous les oiseaux . Me suis posée chez toi dans le nid de tes bras. J’ai déposé au sol un baluchon de rêves enroulés de baisers, découpés patiemment dans du papier froissé. Au seuil de ton hiver j’ai semé le printemps. J’ai réveillé mes fleurs qui dormaient sous la terre; Le jupon froufroutant de l’œillet rosoyant pour enivrer l’abeille. L’impudique tulipe aux fragiles soieries, dévoilant rubicond un pistil indécent. La sonnante jonquille aux clairons flamboyants .
Une source a jailli au lit de ton jardin. Alors le merle noir a peint des arcs en ciel comme autant de chemins tracés vers la lumière. Nos volets ont bleui encore un peu plus doux aux rayons du bonheur.

Et s’enroule la vigne, et serpente le temps...
Il est des chants anciens qui parlent d’éternel

Marion LUBREAC