Son torse prend l'aspect d'un arbre calciné;
ses doigts noueux s' effritent...
Son cœur
s'est desséché.
Toute son âme geint,
craque,
se plaint...
Sans amour
sans désir...


Vois comme il s'est vidé
au loin sur la grève!
Boyaux arrachés,
cheveux déparés
peau squameuse, flasque, moribonde.


Les pierres lui creusent un linceul sacrifié.
Une croix sanglante a pris racine
en son sternum.


Gloire
à celui qui,
après avoir craché
sur l'ange blanc,
s'est senti mortifère
et a vomi
remords
regrets
repentirs,
le dos noir d’ecchymoses plantées
comme des éclats de verre affûtés...


(Vois comme plus rien ne subsiste
de toute cette plénitude
qui enchantait sa vie.)


Regarde!

Lève les yeux
Respire doucement son chagrin,
yeux clos
nuque raide
contre la terre...


Sa solitude est vaste et brumeuse,
N’est-ce pas ?
Comme un ciel d'ardoise
menaçant de s'écrouler.


Son angoisse occupe les gorges,
les goîtres,
les becs sourds des pélicans
un peu trop bavards,
et qui se gaussent
et qui ricanent
sans rien comprendre
des contre-vérités.


Déploie ton corps de supplicié
dont l'échine dorsale a retrouvé sa superbe
dans l' envol artistique et rosoyant de l'ange!
Ouvre ces bras rouges de tous les sangs des saccages...


Lève-toi!
Marche !
Combats l'immonde,
le contre-sacre des gouffres affolés
de ne jamais pouvoir se réfugier
dans un semblant de paix!


Fais appel à la mer,
dont les peaux mortes et épaissies du deuil de ses enfants
s'abandonnent
en d’écœurantes flaques
aux chevilles des rochers assombris...


Que son âme s'abreuve
aspire
les éclats des météorites froides et blêmes
pour que brillent ses yeux morts.
Qu'ils scintillent
d'incendie et d'amour.


Qu’il vive
à fleur de tartre,
frisonne
sous les mugissements macabres des vents;


qu'en cette âme meurtrie
trépasse
la détresse
de ne pouvoir aimer


Marion LUBREAC :copyright: 2021









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