La patience, une vertu oubliée et salutaire

Dans ce monde où l’accélération fait loi et l’immobilité est considérée comme une tare congénitale, il y arrivera un jour où nous ne pourrons plus suivre le rythme. Notre capacité d’adaptation sera dépassée et là, sans préjuger de ce qui adviendra, nous flotterons au sein d’un monde inconnu, le nôtre. Suspendus comme des particules dans une dimension soumises à des règles que nous ne comprenons plus, nous serons isolés, frôlant les autres particules sans pouvoir interagir avec.
Plongés en pleine perplexité, perdus et isolés, nous nous demanderons peut être s’il n’est pas nécessaire de faire une pause, de ralentir la cadence infernale qui guide notre quotidien, comme une dictature invisible. Nous nous interrogerons sans doute sur nos besoins et les comparerons avec notre façon de vivre. Le constat pourrait être limpide. Tout ! Nous voulons tout, sans discernement ! L’amour, l’argent, l’information, la moindre chose que l’on désire et parfois même, pour le simple plaisir de posséder, sans but ni utilité. L’individualisme forcené accroit ce phénomène en nous plaçant au centre du monde, notre monde, avec les autres qui gravitent autour. Les réseaux sociaux accélèrent et amplifient ce phénomène. Nous sommes nos propres dieux, insatisfaits et voraces. Nous sommes à la recherche permanente de la satisfaction immédiate, sans cesse renouvelée, pour ne pas sombrer dans l’ennui, le vide. Nous sommes des femmes et des hommes réincarnés en Pacman, des êtres virtuels avançant dans des canalisations en gobant tout ce qui passe à notre portée. Cette illusion, à laquelle nous nous accrochons pour éviter l’angoisse, nous offre une version tronquée de notre vie. Elle nous donne l’impression d’être vivant et de participer à la marche du monde alors qu’il n’en est rien. Loin d’être les vrais acteurs de notre vie, des stars placées sous les feux des projecteurs, visibles et admirées par les autres, nous sommes plutôt des marionnettes, désarticulées dans un petit théâtre insignifiant.
Pourtant, il existe une vertu simple pour dissiper le rideau qui voile notre perception et nous resynchroniser, la patience ! 

Cette qualité en voie de disparition regorge de bienfaits. Nous en citerons juste quelques uns :

  • elle nous invite au calme pour réfléchir : c’est un anti-stress, excellent pour la santé ;
  • elle favorise notre capacité d’analyse face aux événements et développe notre esprit critique : notre discernement est plus affûté, ce qui nous permet de prendre les bonnes décisions en évitant de trop nous faire manipuler ;
  • elle accroit notre persévérance en nous rendant plus combatif et constant dans notre action ;
  • elle nous apprend à observer et prendre du recul ; les choses que l’on désirent, lorsqu’on les possèdent, on encore plus de valeur ;
  • enfin, elle nous offre une denrée rare, le temps. Ce précieux élément que nous pouvons redécouvrir et mettre à profit pour écouter les autres, ceux qui nous entourent, sans artifice, ni projecteurs : elle facilite les rapports humains et développe notre esprit de tolérance.



Parce que la réalité est bien souvent plus complexe qu’il n’y paraît et que les raccourcis nous paraissent plus simples et rassurants, il faut lutter contre la fainéantise intellectuelle et chercher à s’enrichir le bulbe. 
Pratiquez la patience un peu chaque jour, comme la méditation et vous en constaterez des bienfaits quasi immédiats. En agissant de la sorte, vous préservez votre intégrité et vous vous armez contre ceux qui veulent vous transformer en mouton pour vous imposer leur point de vue basé sur des sophismes ou des arguments fallacieux.
La patience, une automédication gratuite et facile à mettre en œuvre. Une vertu oubliée qui peut vous rapporter gros.